La souveraineté intellectuelle, un choix d’avenir stratégique
Il n’y a pas à dire, Circle porte bien son nom ! Arrivé depuis à peine trois ans sur le marché du conseil en stratégie, ce cabinet fait déjà sa révolution. Fondée par un entrepreneur qui se revendique comme tel, cette entreprise fait le pari de s’adapter au monde d’aujourd’hui pour mieux façonner celui de demain.
Entretien avec Augustin van Rijckevorsel, président et fondateur.
Par Augustin Van Rijckervorsel (Président et fondateur de Circle.)
Vous vous présentez comme le « cabinet du monde nouveau », de quel(s) constat(s) partez-vous ?
On entend beaucoup parler du monde qui aurait changé or ce n’est pas tant le monde qui a évolué que ses habitants. Nous sommes face à une géné ration de consommateurs, de clients et d’employés différente. Aujourd’hui, la marque, auréolée de son prestige, n’a plus autant d’importance que par
le passé, les employés recherchent avant tout à rejoindre un projet et sont en quête de sens tout en préservant leur « work life balance ». De même, le temps des clients qui étaient à l’image des consultants qu’ils recherchaient, des mâles blancs sortant des grandes écoles, est révolu. Nous avons affaire à de nouveaux profils issus de la diversité qui n’ont que faire de ces critères. Tout va si vite que même si l’expertise garde toute son importance, elle devient une donnée parmi d’autres. Il ne s’agit plus d’élaborer le meilleur plan mais de faire celui qui est le plus applicable car si je ne l’applique pas demain, après-de-
main il sera périmé. Ainsi, la manière dont on vend est en train de changer : toute proposition de valeur se doit de prendre réellement en en compte les problématiques de l’opérationnel.
Pour ce faire, nous avons donc besoin des diplômés des plus grandes écoles certes mais, dotés de beaucoup d’humilité ; De même que nous recherchons des seniors issus de grands cabinets de conseil mais aussi passés par le terrain.
Vous faites même du pragmatisme l’atout d’une pensée stratégique franco-européenne, pouvez-vous développer ?
Une pensée stratégique est basée sur une culture. La stratégie vient étymologiquement du mot grec stratos et agein, l’art de faire la guerre : la manière dont les Chinois, les Européens ou encore les Américains font la guerre varie en fonction des cultures. De ce fait, la stratégie repose sur la culture car elle vient définir la société de demain. Les cabinets en stratégie construisent la société du futur. Par conséquent, laisser aux seuls cabinets anglo-saxons la définition de notre pensée stratégique est problématique. Il ne s’agit de les rejeter complètement car nous avons évidemment des points communs. Cependant, nous avons aussi des différences et l’on ne peut construire une stratégie sans prendre en compte notre propre culture. Il est donc urgent et impor tant de faire émerger des acteurs de taille conséquente qui pèseront sur le devenir de notre pensée stratégique. À l’instar de la French Tech, il faut que nos États viennent se positionner sur l’importance de développer ce tissu au niveau franco-européen. Il est essentiel qu’ils accompagnent et sécurisent la montée en puissance de ce réseau
souverain qui élaborera la société de demain.
On est donc au-delà de l’entrepreneuriat mais bien dans dans la fondation d’un véritable mouvement de défense d’intérêts ?
Tout à fait, nous avons récemment lancé un Advisory Board avec de fortes personnalités telles que le général Vincent Desportes, Cyril Abiteboul, Benjamin Grivaux, Rachel Picard, Alexia Laroche Joubert et Angélique Gérard… Des gens qui ont une très grande légitimité dans la stratégie de leurs domaines respectifs. L’objectif est ainsi de mettre en place un consortium d’entreprises qui vont faire valoir leur poids et leur importance. Ce secteur embauche des milliers de personnes, c’est un pilier pour la société comme pour l’emploi. Derrière la souveraineté industrielle il y a la souveraineté intellectuelle, c’est ce que j’appelle la « French Intellect ».
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